Alors comment pardonner l'impardonnable ?
Vladimir Jankélévitch, philosophe français, vous aurez répondu " Le pardon est là précisément pour pardonner ce que nulle excuse ne saurait excuser. Il est fait pour les cas désespérés ou incurables."
Réussir à pardonner, est un chemin, il y a des étapes à franchir pour réussir sa libération. Tout d'abord, pardonner ne signifie pas oublier. Au contraire, il faut se souvenir de l'offense pour pardonner.
▶️ Il s'agit dans un premier temps, de prendre conscience du fait que l'on a eu mal. Ce qui n'est pas toujours évident, car nous développons de multiples comportements d'évitement croyant que cela nous aidera, on oublie, on rationalise, on normalise, etc. Ce sont des systèmes de survie, mais à force de nier ces émotions, on en arrive à toutes les nier. Cela nous rattrape tôt ou tard, de différentes façons, car elles sont toujours là...enkystées à l'intérieur, ne demandant qu'à sortir. Le corps exprimera alors ce qui est enfouie par le biais de symptômes, de troubles ou de maladies.
▶️ Ensuite, il ne faut surtout pas se blâmer! En se disant que l'on aurait pu éviter ou améliorer les choses en faisant ci ou ça...nous nous blessons injustement. La réalité c'est que si nous avions pu, ou su, faire autrement, nous l'aurions fait. Il faut impérativement éviter de rester dans cette phase, car cela nourrit des comportements autodestructeurs, anéantissant toute confiance en soi, toute estime de soi et donc l'amour que l'on se porte à soi-même.
▶️ Sortir du rôle de victime est l'étape suivante. C'est la plus difficile du chemin de la liberté, car cela peut être douloureux. "Comment a-t-on pu me faire une chose pareille ?" est le mantra privilégié de l'éternelle victime. Le problème c'est que nous nous déresponsabilisons complètement avec de tels propos, sans s'en rendre compte nous oublions que nous pouvons être les maîtres de nous-même. Avec cette attitude, nous laissons à l'autre le pouvoir et nous, nous ne sommes rien. Aucun pardon, aucune libération ne peut avoir lieu si cette étape n'est pas franchie. On peut avoir besoin de soutien, d'être accompagné et/ou d'outils.
▶️C'est le moment d'exprimer sa colère! Cette énergie de colère est un moteur de transformation, et une étape charnière vers la libération. Réussir à l'exprimer est une chose, mais ce qui est vraiment transformateur c'est de se rendre compte que cette colère n'existerait pas si nous n'avions pas au fond de nous un déception liée à un amour si profond de la vie et de l'autre. Finalement nous réalisons que nous sommes capable d'aimer inconditionnellement, et c'est cette même force qui nous permet d'avancer dans le pardon.
▶️Se confronter à l'autre n'est pas une finalité, ni une nécessité, aussi parfois cela est impossible. Puisque le pardon est un processus que l'on fait pour soi, la confrontation avec les personnes concernées n'est pas une obligation. Dans certains cas toutefois cela peut être utile, surtout lorsque toute communication est coupée entre deux personnes qui se côtoient, ou vivent ensemble, au quotidien.
Le pardon, vécu ainsi, dans l'intimité du cœur, est un acte de liberté intérieure hors norme et hors dogme. Il est la marque d'une certaine force qui atteint autant ceux qui le donnent que ceux qui le reçoivent.